samedi, mars 26, 2005 |
Stephane Mallarmé (1842-1898) Le Faune: Ces nymphes, je les veux perpétuer. Si clair, Leur incarnat léger, qu'il voltige dans l'air Assoupi de sommeils touffus. Aimai-je un rêve ? Mon doute, amas de nuit ancienne, s'achève En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais Bois mêmes, prouve, hélas ! que bien seul je m'offrais Pour triomphe la faute idéale de roses. Réfléchissons... ou si les femmes dont tu gloses Figurent un souhait de tes sens fabuleux ! Faune, l'illusion s'échappe des yeux bleus Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste : Mais, l'autre tout soupirs, dis-tu qu'elle contraste Comme brise du jour chaude dans ta toison ? Que non ! par l'immobile et lasse pâmoison Suffoquant de chaleurs le matin frais s'il lutte, Ne murmure point d'eau que ne verse ma flûte Au bosquet arrosé d'accords ; et le seul vent Hors des deux tuyaux prompt à s'exhaler avant Qu'il disperse le son dans une pluie aride, C'est, à l'horizon pas remué d'une ride Le visible et serein souffle artificiel De l'inspiration, qui regagne le ciel. O bords siciliens d'un calme marécage Qu'à l'envi de soleils ma vanité saccage Tacite sous les fleurs d'étincelles, Contez « Que je coupais ici les creux roseaux domptés « Par le talent ; quand, sur l'or glauque de lointaines « Verdures dédiant leur vigne à des fontaines, « Ondoie une blancheur animale au repos : « Et qu'au prélude lent où naissent les pipeaux « Ce vol de cygnes, non ! de naïades se sauve « Ou plonge... » Inerte, tout brûle dans l'heure fauve Sans marquer par quel art ensemble détala Trop d'hymen souhaité de qui cherche le la : Alors m'éveillerai-je à la ferveur première, Droit et seul, sous un flot antique de lumière, Lys ! et l'un de vous tous pour l'ingénuité. Autre que ce doux rien par leur lèvre ébruité, Le baiser, qui tout bas des perfides assure, Mon sein, vierge de preuve, atteste une morsure Mystérieuse, due à quelque auguste dent ; Mais, bast ! arcane tel élut pour confident Le jonc vaste et jumeau dont sous l'azur on joue : Qui, détournant à soi le trouble de la joue, Rêve, dans un solo long, que nous amusions La beauté d'alentour par des confusions Fausses entre elle-même et notre chant crédule ; Et de faire aussi haut que l'amour se module Évanouir du songe ordinaire de dos Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos, Une sonore, vaine et monotone ligne. Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m'attends ! Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps Des déesses ; et par d'idolâtres peintures A leur ombre enlever encore des ceintures : Ainsi, quand des raisins j'ai sucé la clarté, Pour bannir un regret par ma feinte écarté, Rieur, j'élève au ciel d'été la grappe vide Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide D'ivresse, jusqu'au soir je regarde au travers. O nymphes, regonflons des souvenirs divers. « Mon œil, trouant le joncs, dardait chaque encolure « Immortelle, qui noie en l'onde sa brûlure « Avec un cri de rage au ciel de la forêt ; « Et le splendide bain de cheveux disparaît « Dans les clartés et les frissons, ô pierreries ! « J'accours ; quand, à mes pieds, s'entrejoignent (meurtries « De la langueur goûtée à ce mal d'être deux) « Des dormeuses parmi leurs seuls bras hasardeux ; « Je les ravis, sans les désenlacer, et vole « A ce massif, haï par l'ombrage frivole, « De roses tarissant tout parfum au soleil, « Où notre ébat au jour consumé soit pareil. » Je t'adore, courroux des vierges, ô délice Farouche du sacré fardeau nu qui se glisse Pour fuir ma lèvre en feu buvant, comme un éclair Tressaille ! la frayeur secrète de la chair : Des pieds de l'inhumaine au cœur de la timide Qui délaisse à la fois une innocence, humide De larmes folles ou de moins tristes vapeurs. « Mon crime, c'est d'avoir, gai de vaincre ces peurs « Traîtresses, divisé la touffe échevelée « De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée : « Car, à peine j'allais cacher un rire ardent « Sous les replis heureux d'une seule (gardant « Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume « Se teignît à l'émoi de sa sœur qui s'allume, « La petite, naïve et ne rougissant pas : ) « Que de mes bras, défaits par de vagues trépas, « Cette proie, à jamais ingrate se délivre « Sans pitié du sanglot dont j'étais encore ivre. » Tant pis ! vers le bonheur d'autres m'entraîneront Par leur tresse nouée aux cornes de mon front : Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre, Chaque grenade éclate et d'abeilles murmure ; Et notre sang, épris de qui le va saisir, Coule pour tout l'essaim éternel du désir. A l'heure où ce bois d'or et de cendres se teinte Une fête s'exalte en la feuillée éteinte : Etna ! c'est parmi toi visité de Vénus Sur ta lave posant tes talons ingénus, Quand tonne une somme triste ou s'épuise la flamme. Je tiens la reine ! O sûr châtiment... Non, mais l'âme De paroles vacante et ce corps alourdi Tard succombent au fier silence de midi : Sans plus il faut dormir en l'oubli du blasphème, Sur le sable altéré gisant et comme j'aime Ouvrir ma bouche à l'astre efficace des vins ! Couple, adieu ; je vais voir l'ombre que tu devins. La siesta de un fauno (Égloga) El fauno: ¡Estas ninfas quisiera perpetuarlas. Palpita su granate ligero, y en el aire dormita en sopor apretado. ¿Quizá yo un sueño amaba? Mi duda, en oprimida noche remota, acaba en más de una sutil rama que bien sería los bosques mismos, al probar que me ofrecía como triunfo la falta ideal de las rosas. Reflexionemos... ¡Si las mujeres que glosas un deseo figuran de tus sentidos magos! Se escapa la ilusión de aquellos ojos vagos y fríos, cual llorosa fuente, de la más casta: mas la otra, en suspiros, dices tú que contrasta como brisa del día cálida en tu toisón. ¡Que no! que por la inmóvil y lasa desazón -el son con la frescura matinal en reyerta- no murmura agua que mi flauta no revierta al otero de acordes rociado; sólo el viento fuera de los dos tubos pronto a exhalar su aliento en árida llovizna derrame su conjuro; es, en la línea tersa del horizonte puro, el hálito visible y artificial, el vuelo con que la inspiración ha conquistado el cielo. Sicilianas orillas de charca soporosa que al rencor de los soles mi vanidad acosa, tácita bajo flores de centellas, Decid «Que yo cortaba juncos vencidos en la lid por el talento; al oro glauco de las lejanas verduras consagrando su viña a las fontanas: Ondea una blancura animal en la siesta: y que al preludio lento de que nace la fiesta, vuelo de cisnes, ¡no! de náyades, se esquive o se sumerja ...» Fosca, la hora inerte avive sin decir de qué modo sutil recogerá hírnenes anhelados por el que busca el La: me erguiré firme entonces al inicial fervor, recto y solo, entre olas antiguas de fulgor, ¡lis! uno de vosotros para la ingenuidad. Sólo esta nada dócil, oh labios, propalad, beso que suavemente perfidias asegura, mi pecho virgen antes, muestra una mordedura misteriosa, legado de algún augusto diente; ¡y basta! arcano tal buscó por confidente junco gemelo y vasto que al sol da su tonada: que, desviando de sí mejilla conturbada, sueña en un solo lento, tramar en ocasiones la belleza en redor quizá por confusiones falsas entre ella misma y nuestra nota pura; y de lograr, tan alto como el amor fulgura, desvanecer del sueño sólito de costado o dorso puro, por mi vista ciega espiado, una línea vana monótona y sonora. ¡Quiere, pues, instrumento de fugas, turbadora siringa, florecer en el lago en que aguardas! Yo, en mi canto engreído, diré fábulas tardas de las diosas; y, por idólatras pinturas, a su sombra hurtaré todavía cinturas: así, cuando a las vides. la claridad exprimo, por desechar la pena que me conturba, mimo risas alzo del racimo ya exhausto, al sol, y siento, cuando a las luminosas pieles filtro mi aliento, mirando a su trasluz una ávida embriaguez. ¡Oh ninfas, los recuerdos unamos otra vez! «Mis ojos horadando los juncos, cada cuello inmortal, que en las ondas hundía su destello y un airado clamor al cielo desataba: y el espléndido baño de cabellos volaba entre temblor y claridad ¡oh pedrería! Corro; cuando a mis pies alternan (se diría por ser dos, degustando, langorosas, el mal) dormidas sólo en medio de un abrazo fatal, las sorprendo sin desenlazarlas, y listo vuelo al macizo, de fútil sombra malquisto, de rosas que desecan al sol todo perfume, en que, como la tarde nuestra lid se resume. » ¡Yo te adoro, coraje de vírgenes, oh gala feroz del sacro fardo desnudo que resbala por huir de mi labio fogoso, y como un rayo zozobra! De la carne misterioso desmayo; de los pies de la cruel al alma de la buena que a bandona a la vez una inocencia, llena de loco llanto y menos atristados vapores. «Mi crimen es haber, tras de humillar temores traidores desatado el intrincado nido de besos que los dioses guardaban escondido; pues yendo apenas a ocultar ardiente risa tras los pliegues de una sola (sumisa guardando para que su candidez liviana se tiñera a la fiel emoción de su hermana la pequeñuela, ingenua, sin saber de rubor): ya de mis brazos muertos por incierto temblor, esta presa, por siempre ingrata, se redime sin piedad del sollozo de que embriagado vime.» ¡Peor! me arrastrarán otras hacia la vida por la trenza a los cuernos de mi frente ceñida: tú sabes mi pasión, que, púrpura y madura toda granada brota y de abejas murmura; y nuestra sangre loca por quien asirla quiere, fluye por el enjambre del amor que no se muere. Cuando el bosque de oro y cenizas se tiña, una fiesta se exalta en la muriente viña: ¡Etna! En medio de ti, de Venus alegrado, en tu lava imprimiendo su cotumo sagrado, si un sueño triste se oye, si su fulgor se calma, ¡Tengo la reina! ¡Oh cierto castigo... Pero el alma, de palabras vacante, y este cuerpo sombrío tarde sucumben al silencio del estío: sin más, fuerza es dormir, lejano del rencor, sobre la arena sitibunda, a mi sabor la boca abierta al astro de vinos eficaces. ¡Oh par, adiós! la sombra miro a la que tomas. Versión de Otto de Greiff
Libellés : Stephane Mallarmé
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domingo, 9 de agosto de 2015
L'après-midi d'un faune - La siesta de un fauno de Stephan Mallarmé
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